Proposition de Sarkozy sur la Shoah : irresponsabilité et courte vue
Le Président de la République fait l'actualité en proposant d'individualiser le devoir de mémoire en confiant à chaque élève de CM2 la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah.
Nul ne conteste la tragédie vécue par chacune des victimes ni la nécessité de se souvenir et de savoir ce que fut l'Holocauste. Mais précisément parce qu'il s'agit de savoir et pas seulement de commémorer, la démarche est inquiétante.
Le devoir de mémoire est tout autant tourné vers les générations futures que vers les générations passées. C'est d'histoire dont nous avons besoin, avec tout ce que cela suppose de mise en perspective, de compréhension collective de ce qui génère la tragédie, mais aussi des réponses apportées notamment au travers de la construction européenne.
Pour humaine qu'elle soit, jamais la compassion ne pourra remplir le rôle de l'histoire.
Enfin et surtout, il faut mesurer les risques que l'on prend à vouloir transférer la culpabilité des générations passées sur les enfants d'aujourd'hui. Plus qu'une aide à la compréhension, l'identification à une victime peut être un véritable traumatisme. Peut-on demander à un enfant de CM2 de porter sur ses épaules un tel fardeau ? Prendre ce risque est une démarche parfaitement irresponsable